Pêche en Wallonie : de nouvelles dispositions de simplification pour correspondre davantage à la réalité piscicole

Sur proposition du Ministre de la Pêche Willy BORSUS, le Gouvernement a décidé de nouvelles dispositions pour la pêche afin de répondre à la demande du secteur. Par ailleurs, un projet relatif au rempoissonnement va être prochainement soumis au Gouvernement wallon.  Le Ministre est également ravi d’annoncer que l’accès au Lac de la Plate Taille est ouvert depuis le 8 avril.

NOUVELLES MESURES ET DISPOSITIONS POUR LA PÊCHE

A la demande des Fédérations de Pêche, un long travail de co-construction avec le secteur associatif de la pêche a été réalisé afin de répondre à leurs attentes.

Ces modifications adoptées aujourd’hui visent à faire correspondre la théorie à la pratique de la pêche fluviale mais aussi à simplifier la législation, avec par exemple la levée de certaines interdictions. De même, une demande importante et récurrente du secteur portait sur la réévaluation du permis de pêche et des droits qui y sont associés.

Voici le détail des avancées :

  1. Lieux interdits à la pêche
  • Suppression de l’interdiction sur les 25 mètres en amont des barrages et déversoirs afin d’améliorer l’accessibilité sur la zone d’eau calme. Cette disposition posait des problèmes dans les voies hydrauliques non naviguées où la succession de déversoirs et les interdictions liées limitaient la pratique de la pêche sur la majeure partie du linéaire sans raison objective de préservation de l’ichtyofaune.
  • Les interdictions locales sont supprimées. Cela permet une meilleure compréhension des règles par les pêcheurs et diminue le risque d’infractions à des interdictions localisées trop spécifiques.
  • Suppression des interdictions qui portent sur les confluences de certains affluents de la Sambre et de la Meuse. Outre la question de la motivation de ces interdictions, il apparaissait également qu’il s’agissait d’interdictions ponctuelles très locales et qu’il est complexe de déterminer avec exactitude la zone sur laquelle porte l’interdiction.
  • Au vu du travail et des aménagements des frayères réalisés par les fédérations, il est prévu d’avoir une mesure générique pour les frayères de manière générale dans lesquelles la pêche sera interdite. Cela permet davantage de flexibilité pour la désignation des zones mais cela offre également davantage de précision quant à la localisation exacte de l’interdiction en renseignant notamment les coordonnées GPS des limites de la zone interdite à la pratique de la pêche.
  • Notons également que plusieurs frayères, n’étant plus fonctionnelles, ont été supprimées.

 

  1. Interdiction temporaire de la pêche : plus de flexibilité

Le Ministre wallon de la pêche pouvait déjà, pour certains motifs, interdire temporairement la pêche. La Pollution sur la Mellier, la Rulles et la Semois en est un exemple récent.

Or, dans ce cas précis et dans certaines autres situations qui pourraient se présenter, une interdiction totale n’est pas systématiquement nécessaire. Désormais, le Ministre de la Pêche peut interdire temporairement uniquement le prélèvement des poissons dans le cas d’une pollution rendant les poissons impropres à la consommation mais n’affectant pas pour autant leur survie (possibilité de pêche No Kill). C’est une avancée étant donné qu’actuellement seule l’interdiction totale de la pêche était possible.

  1. Liste rouge des espèces menacées

En 2022, la liste rouge des espèces menacées a été revue pour les espèces de poissons de Wallonie. Ce travail réalisé conjointement par le DEMNA (SPW) et le DNF a mis en évidence une raréfaction de certaines espèces courantes. Ce travail a été présenté aux fédérations agréées de pêche. Bien que la pratique de la pêche ne soit pas la cause de cette raréfaction, les Fédérations ont tenu à revoir le statut de certaines espèces en vue de favoriser leur préservation. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des multiples aménagements et investissements consentis volontairement par les Fédérations en faveur de la biodiversité et de l’amélioration des milieux piscicoles et halieutiques.

La liste des espèces pouvant être utilisées pour la pêche au vif a donc été revue pour y supprimer les espèces dont l’état de conservation était préoccupant. Il est, en effet, difficilement concevable de permettre le prélèvement d’espèces vulnérables ou menacées.

L’interdiction de la pêche aux vifs est mise en application en dehors du lit principal du cours d’eau, zone où les prélèvements sont interdits.

Notons également que dorénavant, il est interdit d’utiliser les appâts de types d’animaux entiers, vivants ou morts (poussins, batraciens, souris, etc.).

  1. Condition de détention et de prélèvement du poisson

Selon le constat des problèmes démographiques rencontrés actuellement par les populations de brochets, il est interdit temporairement de les prélever dans la zone d’eaux calmes, à l’exception des lacs et étangs. Cette interdiction s’étend sur une période de trois ans. Cette espèce ne pourra donc plus être prélevée que dans les zones d’eaux mixtes et vives à raison d’un seul individu de plus de 60 cm par pêcheur et par journée de pêche.

Cette mesure sera accompagnée d’un suivi scientifique afin de déterminer l’effet de celle-ci.

  1. Répartition des cours d’eau ou partie de cours d’eau en zones d’eaux calmes, mixtes et vives

Quatre changements sont décidés dans la répartition des cours d’eau et parties de cours d’eau :

  • le transfert du Geer de la zone d’eaux calmes vers la zone d’eaux mixtes ;
  • le classement en zone d’eaux mixtes de l’intégralité du cours de l’Ourthe en aval de Nisramont alors qu’actuellement une partie est en eaux vives et une autre en eaux mixtes complexifiant les règles à suivre pour la pêche sur l’Ourthe ;
  • l’ajout de l’étang Remy dans la liste des plans d’eau de la zone d’eaux calmes ;
  • la suppression de l’étang de Nismes qui suite à l’aménagement du plan d’eau ne répond plus à la définition des plans d’eau.

Les deux premiers changements permettent d’étendre l’offre de la pêche.

  1. Les permis de pêche

Le prix des permis de pêche ainsi que des droits associés à ceux-ci sont revus, à la demande des Fédérations piscicoles.

Précédemment, le permis de pêche de type A ne permettait pas l’utilisation de balances à écrevisses. Au vu de la propagation de ces espèces d’écrevisses envahissantes dans les cours d’eau et l’interdiction totale de la pêche de l’écrevisse à pieds rouges, seule espèce indigène, cette limitation ne semble plus se justifier. Aujourd’hui, il est permis d’utiliser des balances à écrevisses avec tout type de permis de pêche.

Cela permet, d’une part, d’harmoniser les droits accordés par les différents types de permis de pêche et, d’autre part, de favoriser le prélèvement des espèces d’écrevisses américaines présentes dans les cours d’eau. En outre, cela permet de compenser partiellement l’augmentation du prix du permis de pêche de type A par un droit supplémentaire associé à ce permis.

D’autre part, il était nécessaire de rectifier le texte qui avait été modifié en 2021, afin d’intégrer la détention d’une troisième canne de jour dans le permis C. Cette mesure au bénéfice des carpistes permet une meilleure cohérence du texte et de mettre fin à des situations problématiques sur le terrain.

Les modifications de prix concernent les permis de pêche de type A, B et C dont les prix évoluent comme suit :

  • Permis A : 12,39 € à 20 €
  • Permis B : 37,18 € à 45 €
  • Permis C : 120 € à 110 €

Pour rappel, les prix des permis de pêche n’ont plus été indexés depuis 1989. Le coût d’un permis de pêche n’est donc plus en rapport avec les droits qu’il accorde. Les fédérations de pêche agréées sollicitent depuis longtemps cette révision des prix des permis de pêche afin de d’assurer la gestion piscicole et halieutique en Wallonie.

Il est important de rappeler que l’ensemble des recettes générées par la vente des permis de pêche retournent au monde de la pêche via le Fonds piscicole.

A titre d’exemples, en 2023, ces montants auront permis de soutenir financièrement le fonctionnement des 15 Fédérations agréées de sous-bassin, des Maisons de la pêche, des 24 Ecoles de pêche agréées et de mettre en place diverses actions en faveur des pêcheurs et des cours d’eau comme :

  • Les empoissonnements, qui garantissent la satisfaction des pêcheurs mais contribuent également à la préservation de l’ichtyofaune présente en reportant l’effort de pêche sur les poissons introduits plutôt que sur les poissons natifs du cours d’eau.

 

Sur certaines rivières, ces empoissonnements peuvent aussi s’avérer indispensables pour assurer le maintien de poissons dans des cours d’eau dont la qualité physico-chimique et/ou hydromorphologique ne permet pas de garantir la survie des populations sans une intervention humaine.

 

Cette solution financée par les permis de pêche constitue une alternative à des interventions plus complexes et plus coûteuses telles que celles mises en œuvre pour enrichir l’habitat, recréer des frayères, etc.

 

  • Depuis 2017 une partie des recettes est allouée aux appels à projets "Gestion piscicole et halieutique" pour multiplier les actions des acteurs halieutiques en matière de protection des milieux aquatiques et des populations piscicoles, poses de radeaux ou paniers végétalisés, de frayères flottantes, de levées d’obstacles à la libre circulation du poissons, d’amélioration pour l’accessibilité à des lieux de pêche, etc. Bref, il s’agit de contribuer de manière efficace à la restauration des populations piscicoles et des milieux tant aquatiques qu’halieutiques.

 

  • Les recettes des permis assurent également le financement de l’apprentissage via les écoles de pêche, une solution pour la transmission du savoir des pêcheurs expérimentés et qui proposent une structure d’apprentissage et de formation à la pratique de la pêche. La pêche est pratiquée comme une activité de loisir mais également comme un sport à part entière. Les écoles organisent également des activités de découvertes du milieu aquatique, de sa flore et de sa faune afin de sensibiliser le public à la protection et à la réhabilitation de ces milieux. En 2023, ce n’est pas loin de 6500 enfants et adultes qui sont passés dans les écoles de pêche et ce grâce à plus de 500 activités organisées par ces dernières.

 

Le coût en général ne cesse d’augmenter, il était donc difficile de continuer à rencontrer toutes les demandes avec un fonds piscicole qui n’évolue pas. En ce sens, il est donc également prévu d’indexer annuellement le prix du permis de pêche à partir du 1er janvier 2027. Cela répondra aux attentes des pêcheurs notamment en matière d’aménagements pour l’accessibilité des sites de pêche et pour la mise en place des plans de gestion piscicoles et halieutiques à l’initiative des Fédérations de pêche. En effet, ces deux éléments ne pouvaient voir le jour sans moyens budgétaires supplémentaires. 

Notons que l’ensemble des dispositions prendront cours à partir du 1er janvier 2025 afin de pas perturber la saison de pêche 2024 à l’exception de l’interdiction temporaire de prélèvement de poissons (point 2) qui entrera en vigueur dès la publication de l’arrêté au Moniteur belge.

PROJET DE REMPOISSENEMENT DES COURS D’EAU

Chaque année les empoissonnements émanant du fonds piscicole sont réalisés trop tardivement à cause de la lourdeur administrative. Ce retard a pour conséquence de donner un trop court laps de temps pour réaliser les rempoissonnements avant l’été et la période d’étiage.

Les poissons ne sont alors pas disponibles pour l’ouverture de la pêche et autre conséquence importante : les aquaculteurs doivent maintenir les poissons en stabulation durant la période estivale dans l’élevage. Cela engendre d’importantes pertes et menace la viabilité du secteur.

L’objectif du projet rempoissonnement, qui sera mis sur pied grâce au Plan de Relance de la Wallonie, est de palier à ces délais. Le projet propose d’accélérer tout le processus afin d’anticiper au mieux et de réaliser les rempoissonnements dans les conditions idéales, sans impacter les pisciculteurs et les pêcheurs.

Un budget de 400.000 € est prévu pour réaliser ce projet.

 

LANCEMENT DE LA DELIVRANCE DU permis L

 

La pêche en barque sur le lac de la Plate Taille est enfin possible. L’avis à la batellerie, fruit d'efforts soutenus et de démarches longues de la part du Ministre de la Pêche, a été officiellement publié ce lundi 08 avril 2024. Cet avis crucial désigne la rampe de mise à l'eau à utiliser par les pêcheurs pour mettre leurs embarcations à flot afin de pratiquer la pêche en barque sur le magnifique lac de la Plate Taille. La rampe désignée est la R2, située à hauteur de la SNEH.

Pour rappel, depuis leur mise sous eau en 1979, les lacs de l'Eau d'Heure méritaient la mise en valeur de leur formidable potentiel en matière de pêche de loisir et de tourisme-pêche.

Avec leurs 600 hectares d'eau, les lacs de l'Eau d'Heure constituent en effet un ensemble unique en Belgique sur le plan halieutique. On y retrouve notamment le plus grand plan d'eau du pays, à savoir le lac de la Plate Taille, fort de ses 350 hectares, de son eau de qualité, laquelle lui confère un potentiel unique en Belgique en matière de pêche.

Depuis le 8 avril 2024, l’accès à la pêche en barque sur le lac de la Plate Taille est possible et autorisé.

Pendant la période allant du 3ème samedi de mars jusqu'au 31 octobre, le nombre de barques est limité à 20, avec une capacité maximale de deux pêcheurs par barque. Pour assurer la bonne harmonie entre les utilisateurs du lac, des jours d'exclusion correspondant aux événements de régates organisés par la SNEH sont également à prendre en compte.

Pour rappel, voici les conditions pour obtenir un accès :

  • Détention du permis L en cours de validité ;
  • Utilisation de la rampe R2 uniquement ;
  • Maximum de 2 personnes par embarcation ;
  • Navigation uniquement à la rame ou au moteur électrique ;
  • Du 1er novembre au 3ème vendredi de mars, pas de limitation de barques sur le plan d'eau ;
  • Du 3ème samedi de mars au 31 octobre :
    • 20 barques maximum
    • Navigation en vue de l’exercice de la pêche avant 9h et après 18h.

Vous retrouverez toutes les informations utiles dans le fascicule réalisé par la Maison Wallonne de la pêche : https://maisondelapeche.be/telechargements/Permis%20L%20ok.pdf 

Pour obtenir le permis L, rendez-vous sur : https://permisdepeche.be/fr

 

Pour Willy BORSUS : « L’accès au lac de la Plate Taille était une ouverture attendue par les pêcheurs depuis de nombreuses années. Je suis vraiment ravi que l’accès au lac soit enfin possible.

Par ailleurs, les nouvelles mesures étaient attendues de longue date par le milieu halieutique et piscicole. Ce sont des dispositions qui visent à coller au plus près aux nouvelles réalités de nos cours d’eau. Elles correspondent aux attentes des pêcheurs. Je tiens d’ailleurs à saluer la Maison wallonne de la Pêche, les Fédérations et l’administration pour leur implication dans ce travail. Quant à l’augmentation des prix des permis de pêche, la demande nous paraissait légitime pour plusieurs raisons : le prix n’avait pas augmenté pendant 35 ans et il est important de soutenir la gestion positive des aménagements de nos rivières et cours d’eau.

Le projet rempoissonnement est quant à lui primordial pour le secteur, tant pour les aquaculteurs que les pêcheurs mais également pour la biodiversité de nos milieux aquatiques. En effet, ces rempoissonnements permettent un soutien aux populations de poissons puisque la pression de pêche s’exerce dès lors principalement sur ces poissons issus du rempoissonnement, préservant ainsi nos truites sauvages. »

 

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